PRODUCTION DE RHUM AUX DROM

Lors de la campagne cannière de 2006/2007, la production de rhum aux DROM était de:

  • 74’524 HAP en Guadeloupe, dont 29’213 HAP dédiés pour le rhum agricole (39%, alors qu’elle dépassait 50% au début des années 70),

  • 95’192 HAP en Martinique, dont 79’352 HAP dédiés pour le rhum agricole (83%),

  • 93’561 HAP à la Réunion, dont 262 HAP dédiés pour le rhum agricole (0,3%).

Par année, 930’000 t de cannes sont coupées aux Antilles, dont 80% transformées en sucre et env. 20% dirigées vers les distilleries. Ces 186’000 tonnes vont produire 161’000 HAP de rhum dont 64% en rhum agricole, soit plus de 100’000 HAP

Guadeloupe

La surface de la canne représentait en 2014 44,2% de la SAU (Surface Agricole Utile), soit 13’690 ha (13’000 ha en 2001, 14’300 ha en 2007) répartis dans plus de 4’500 exploitations. En 2015, la production totale de rhum progresse légèrement: 78’161 HAP.

Le rhum industriel est en recul et l’agricole en hausse de 5,0%, représentant 51% de la production totale. En 2015, 78% de la production est exportée. 9 distilleries agricoles fument encore aujourd’hui (2017). 6 demeurent indépendantes, 2 appartiennent à un grand groupe français et à une à un holding local. Un affineur a vu le jour en 2008 (Karukera).

2 sucreries sont encore actives, dont l’une en sursis (2017): l’usine sucrière de Grande Anse (Marie-Galante). L’usine Gardel se trouve au Moule (Grande-Terre) et a été fondée en 1870 sous le nom de Sainte-Marie. Elle est devenue en 1994 l’unique sucrerie de l’île et produit notamment 6’000 HAP/an de rhum industriel.

Evolution des habitations au XVIIIème siècle

AnnéeNombre
d'habitations-sucreries
actives
1753331
1759290
1761339
1762420
1763446
1773378

1777:

21’120 hl de rhum produit, et 93% était consommé sur place,

1922:

Production de rhum: 2/3 de sucrerie (mélasse), 1/3 d’agricole. Note: ces proportions sont en progression pour l’agricole depuis ces 15 dernières années,

1940:

100 (env.) distilleries agricoles étaient encore actives, et 16 usines sucrières centrales produisaient sucre et rhum de mélasse,

Dès 1946:

La Guadeloupe devient un département français. Beaucoup de petites distilleries doivent fermer, ne pouvant supporter financièrement l’application de nouvelles règles, en particulier sociales,

Années 1950:

Effondrement du prix du sucre sur les marchés mondiaux: une partie de la surface dévolue à la canne est remplacée par la banane et l’ananas,

Fin XXème:

Les rhumiers guadeloupéens, challengés par l’AOC de la Martinique, font de grands efforts pour valoriser leur rhum, avec des critères égalant ou approchant ceux de l’AOC. Certains vont plus loin avec des mentions de vieillissement plus élevées que le BNIC (Bureau National Interprofessionnel du Cognac), d’autres mettent au point des systèmes de distillation inédits (l’AOC figeant son processus) et font avancer le progrès des colonnes continues,

2007 à 2010:

Demande croissante: pendant cette période, le contingent alloué au rhum agricole de la Guadeloupe est doublé, et le contingent export augmente de 33%,

Début XXIème:

Dans l’attente de l’obtention de l’IGP (Indication Géographique Protégée), la Guadeloupe est détentrice d’une IG portant les noms: «Rhum de la Guadeloupe» ou «Rhum de Guadeloupe» ou «Rhum Guadeloupe».

Cahier des charges IG rhum Guadeloupe

«INAO version 2015»  Voir le document

Guyane

Avec ses 185 hectares de cannes (2007), la Guyane élabore uniquement du rhum agricole. La rhumerie Saint-Maurice est l’unique distillerie fumante dans le Département, et produit les rhums «Toucan», «La Belle Cabresse» et «La Cayennaise».

Martinique

La surface de la canne représente aujourd’hui (2014) 16,7% de la SAU (Surface Agricole Utile), soit 3’790 ha. 7 distilleries agricoles fument encore aujourd’hui (2017), expliqués par la concentration sur un seul site de plusieurs marques (Duquesne, La Mauny, Trois Rivières) et de 2 affineurs n’ayant plus de distillerie (Clément et HSE). 5 appartiennent à 3 grands groupes français, et 2 derniers indépendants subsistent: La Favorite et Neisson.

L’usine de la Baie du Galion est la dernière unité de production sucrière. Edifiée de 1861 à 1865, elle tire son nom de sa proximité avec la rivière Galion, dont l’embouchure sur la mer servait de lieu de ravitaillement en eau potable aux galions espagnols. La sucrerie du Galion produit 2 types de rhums: l’industriel et le “Grand Arôme”.

1670:

117 habitations-sucreries actives, 3’000 ha de canne en 1671,

1771:

456 habitations-sucreries actives, 16’000 ha de cannes,

Années 1840:

Production annuelle de rhum: max. 17’000 hl,

1892:

Prodution annuelle de rhum: 220’000 hl,

Années 1930:

Le volume de rhum agricole équivaut à celui du rhum industriel,

1941:

194 distilleries agricoles, 12’000 ha de cannes,

Dès 1946:

La Martinique devient un département français. Beaucoup de petites distilleries doivent fermer, ne pouvant supporter financièrement l’application de nouvelles règles, en particulier sociales,

Années 1950:

Effondrement du prix du sucre sur les marchés mondiaux: une partie de la surface dévolue à la canne est remplacée par la banane et l’ananas,

1979:

La production des 2 usines sucrières est inférieure à sa consommation locale, et commence à importer du sucre de France ! La canne est principalement transformée en rhum agricole,

1990:

3’000 ha de cannes,

1996:

L’ AOC de la Martinique est approuvée par l’INAO,

Zoom sur l’AOC martiniquaise, seule AOC de la planète Rhum  Voir le document

2015:

Hausse de la production de rhum de 26,2% (98’721 HAP), principalement due à l’augmentation du rhum agricole (+27,1%), qui représente 87,3% de la production totale de rhum. 7 distilleries agricoles, 60% est exporté vers la France et 15% directement vers d’autres destinations, 25% est consommé sur place ou vendu aux touristes de passage.

Cahier des charges rhum AOC Martinique

«INAO version 2015»  Voir le document

Suite à 20 ans de requêtes et de patience, la Martinique obtient en 1996 l’AOC pour son rhum agricole. Elle est la 1ère au monde à être apposée sur un alcool blanc (spiritueux non vieilli, ni coloré ni aromatisé) et demeure la seule dans le monde du rhum.

La lecture de son cahier des charges, ainsi que ceux des autres DROM (voir sur cette page), décrivent bien le haut niveau d’exigences de la fabrication du rhum agricole, de la sélection de cannes au nombre de plateaux d’une colonne de distillation. Notamment:

  • Les variétés de canne (plus de 250 exploitées) et croisements évoluant sans cesse, la sélection officielle, du nombre d’une quinzaine (2016), s’agrandit et est constamment supervisée par le CTCS (Centre Technique du Sucre et de la Canne, créé en 1952). Pour en faire partie, les nouvelles variétés doivent avoir été suivies pendant au moins 4 ans,

  • Après son pesage, le taux d’acidité (exprimé en pH) de la canne livrée est impérativement mesuré: il confirme sa fraîcheur car son altération (oxydation) par les bactéries fait baisser le taux; son pH doit être au minimum de 4,7 (se trouve généralement entre 4,9 et 5,4),

  • La richesse en sucres doit atteindre au moins 14 °Brix (en général de 17 à 19 °Brix),

  • La fermentation des jus est de type discontinu, en cuve ouverte en matériau inerte d’une capacité maximale de 500 hl. Les fermentations continues et celles en cuves fermées sont interdites,

  • Le recours à toute technique d’enrichissement en sucres du jus, notamment par ajout des sous-produits de la fabrication du sucre (sirop ou mélasse) est interdit,

Exceptionnel pour un alcool:

Chaque producteur voit son rhum être dégusté collectivement par le comité de dégustation de l’AOC, pour être en mesure d’apposer à nouveau son étiquette AOC sur ses bouteilles ! Les agréments ne sont pas annuels ni uniquement basés sur les conditions de production (comme le vin), mais se délivrent de cuve à cuve.

Voir document complet sur le site de l’INAO ou ici.

Réunion

2 usines sucrières (Bois-Rouge et Gol) génèrent une production annuelle estimée à 200’000 tonnes de sucre (2016).

La Réunion produit donc principalement des rhums de sucrerie issus de mélasse fraîche avec une production annuelle totale de rhum de 98’846 HAP (Hectolitres d’Alcool Pur), dont seulement 0,53% de rhum agricole (524 HAP).

Les 3 dernières distilleries Isautier, Rivière du Mât et Savanna proposent aussi des rhums (blancs et vieux) agricoles.

Cahier des charges IG rhum Réunion

«INAO version 2015»  Voir le document

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