BELLE PLANTE

Elle ne se complaît qu’entre 35° Nord et 30° Sud, représente 20% de la masse totale des produits agricoles répartis autour du globe, et plus de 70% du sucre produit

Appartenant à la grande famille des graminées (tout comme les maïs, riz, blé, orge, avoine, seigle, mil, roseau, bambou, etc), la canne à sucre est une herbe géante vivace et rhizomateuse (= qui repousse spontanément après chaque coupe) et doit être remplacée tous les 4 à 7 ans par des nouvelles boutures.

Elle mesure à maturité entre 2 et 5 mètres de haut, son diamètre est de 1,5 à 6 cm, et son poids varie de 300 g à 6 kg. Son aspect est lisse et cireux, entrecoupé de nœuds tous les 10 à 20 cm d’où partent ses feuilles allongées, coupantes et alternes d’une longueur d’env. 1,5 m.

Sa couleur, généralement vert-jaune mais pouvant passer au gris violacé voire au bleu, change selon les variétés et leur exposition au soleil. La période de floraison dure de 2 à 3 mois, qui voit apparaître à son extrémité une panicule surmontée d’une inflorescence appelée «flèche», de couleur généralement blanche et de 30 cm à 1 m de long.

La fin de cette floraison annonce son arrivée à maturité. Sous la double action de la sécheresse et de la fraîcheur de la nuit, l’activité métabolique de la plante conduit à la formation de saccharose qui s’accumule dans la tige de manière inégale: le sommet appelé «bout blanc» est le moins riche, raison pour laquelle la canne est coupée aussi près possible du sol puis étêtée, car sa concentration augmente au fur et à mesure que l’on s’approche du sol.

Sa durée d’exploitation optimale est de 5 à 8 ans. On arrache alors les vieilles souches et l’on prépare des sillons dans lesquels seront placées des boutures (morceaux de tiges de canne d’environ 30 cm possédant en général trois bourgeons ou «yeux») qu’on recouvre de terre.

La canne a soif !

Plante tropicale par excellence, elle se cultive partout dans le monde entre les latitudes 35° Nord et 30° Sud. La «campagne» (= période de récolte) s’étend sur plusieurs mois: de février à fin juin dans l’hémisphère Nord, et de juillet à novembre dans l’hémisphère Sud.

Elle est une grande consommatrice d’eau et a besoin de 15’000 m3/ha, soit 1’500 l/m2, environ 10 fois plus que le maïs ! Elle ne peut rêver mieux que pousser au climat des îles antillaises, mais aussi à la Réunion et Maurice, puis en Thaïlande et aux Philippines, ainsi qu’à Tahiti.

Depuis, les techniques modernes d’irrigation (ex: goutte-à-goutte) ont réussi à réduire cette consommation à 300 l/m2.

N°1 des produits agricoles

Avec 20% de la masse totale des produits agricoles répartis autour du globe, la canne à sucre est le No 1. Toutes espèces et hybrides confondus, on en recense 4’000 variétés, mais seulement une quinzaine d’entre elles ont été sélectionnées depuis la mise en place de l’AOC en Martinique en 1996.

La proportion de saccharose est de 10 à 18%, et son taux d’extraction est passé de 75% en 1900 à plus de 92% (env. 93 à 96%) aujourd’hui. Le sucre qui en est tiré représente plus de 74% de la production mondiale, proportion en constante augmentation, loin devant la betterave, palme, etc

%

de la production mondiale de sucre

  • Réf. 1995/1996:   87 millions de tonnes de sucre
  • Réf. 1999/2000:  97 millions de tonnes de sucre
  • Réf. 2011/2012:  126 millions de tonnes de sucre
  • Réf. 2012/2013:  130 millions de tonnes de sucre

UE «approved»

L’Espagne (Malaga et Granada), le Portugal (Madère) et les DOM – ou DROM (Départements et Régions d’Outre-Mer) – français sont les seuls pays cultivant le «roseau sucré» au sein de l’Union Européenne. En 2000/2001 (+ écarts ultérieurs), la surface de plantation de canne aux DROM était de:

  • 13’000 ha en Guadeloupe (14’300 ha en 2007; 15’000 ha en 2014),
  • 185 ha en Guyane en 2007 (uniquement destinée à la production de rhum agricole),
  • 3’000 ha en Martinique (3’737 ha en 2007; 3’800 ha en 2014, dont 2’700 ha recensés pour l’AOC),
  • 24’000 ha à la Réunion (25’569 ha en 2007).

Lors de la campagne sucrière 2000/2001, la production totale de sucre aux DROM fut d’env. 263’000 tonnes (exprimée en sucre blanc), correspondant à seulement 6% de la production française.

Quant à la campagne 2002/2003, 2,77 millions de tonnes de cannes ont été récoltées sur 43’945 ha, et 250’350 tonnes de sucre blanc ont été produits par 5 sucreries, dont:

  • 189’700 tonnes à la Réunion produits par 2 sucreries (167’100 t en 2007),
  • 61’076 tonnes en Guadeloupe produits par 2 sucreries (80’200 t en 2007),
  • 5’117 tonnes en Martinique produits par 1 sucrerie (5’850 t en 2007).

La canne est «verte» de bout en bout!

Ses racines sont nombreuses et profondes, et contribuent grandement à lutter contre l’érosion, particulièrement sur les terrains accidentés et de forte déclivité comme La Réunion.

Elle lutte activement contre l’effet de serre car son métabolisme permet une absorption du CO2 et une restitution de l’oxygène supérieures à d’autres cultures, exemple: les plants de la Réunion stockent l’équivalent du dioxyde de carbone émis par les voitures de l’île.

Elle compense le réchauffement climatique

La canne possède aussi la propriété de faire baisser la température autour des plantations, car elle évapore l’eau qu’elle contient mieux que les autres plantes et possède un haut taux de réflexion du spectre de la lumière, qui a pour conséquence une baisse de la température moyenne avoisinant 1 °C !

Rien à jeter!

La paille de canne est utilisée comme litière pour l’élevage et paillage pour les cultures. La mélasse est utilisée comme complément alimentaire pour le bétail, les écumes et cendres de bagasse (= résidu fibreux de la canne broyée après l’extraction du sucre (env. 50% d’humidité), correspondant au 1/3 du poids total de la canne, et 17% une fois séchée) sont réutilisées comme engrais organiques pour les cultures.

La bagasse est aussi le principal combustible des chaudières produisant la vapeur muant les rouages et moulins d’une distillerie agricole, et celle introduite au bas d’une colonne à distillation continue: ce cercle vertueux et écologique existe depuis le XIXème siècle ! Exemple actuel:

La Réunion possède 2 centrales thermiques à bicombustion bagasse/charbon dédiées à la production d’électricité. Les 60’000 tonnes de bagasse valorisées chaque année à travers ce système fournissent env. 12% de la consommation annuelle d’électricité de l’île.

Ci-après une description des 6 variétés de canne les plus utilisées dans l’élaboration du rhum agricole (avec l’aimable autorisation des rhums Neisson)

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